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Il y a des moments où certaines choses s’imposent. Si on n’ose pas, si on se dit je ne peux pas
pour des raisons diverses, si on se dit qu’il y en a d’autres qui peuvent dire ou expliquer
mieux, si on se dit que ce n’est pas notre rôle ou le rôle qu’on nous a assigné, on perd le fil de
sa vie, on gâche son énergie et sa propre utilité.

Aujourd’hui cela m’est devenu insupportable, au sens premier du terme, de ne pas dire ou ne
pas exprimer ce que je pense au regard du grand gâchis qu’on est en train de nous servir et des
conséquences abyssales qui peuvent en découler pour nous tous en tant qu’individus et pour
notre modèle de société.

J’ai toujours été respectueux des institutions et, même si mes opinions n’étaient pas forcément
en ligne avec ce qui s’imposait à moi en tant que citoyen quelconque au milieu des autres
citoyens, et même si je ne me suis jamais engagé dans des choix politiques spécifiques dans la
mesure où je ne pensais pas avoir une quelconque légitimité à exprimer une idée que d’autres
me semblaient plus légitimes à porter, la place de l’individu dans la société et le rôle du
politique, au sens noble du terme, ont toujours eu une grande importance pour moi.

Qu’ai-je fait de ces belles idées ? Je suis devenu avocat fiscaliste. Ce n’était pas une vocation.
Je suis entré dans ce métier non par l’appât du lucre mais initialement par la volonté de
comprendre comment fonctionnait un système qui peut être destructeur pour ceux qui le
comprennent mal ou qui en ignorent les rouages. J’y ai fait ma vie professionnelle par
accident, peut-être parce que le politique y est toujours présent, en ayant toujours au fond de
moi des tisons prêts à s’enflammer lorsqu’un dossier m’en donnait ou m’en donne
l’opportunité en raison de la nature des problèmes rencontrés.

Aujourd’hui, les tisons confinent à l’embrasement car je ne veux pas, je ne veux plus, je ne
peux plus laisser faire sans m’exprimer.

Depuis le mois de janvier, le pouvoir politique est à la traine. Je vais m’expliquer.

En janvier, la pandémie était en marche à Wuhan. Des mesures ont été prises. Il y a eu une
forte mobilisation. Des crédits ont été octroyés aux entreprises pour faire face. Des entreprises
ont contribué à l’effort collectif.

Dans le même temps, une entreprise franco britannique (Novacyt) avait lancé le 31 janvier
2020 un test pour la détection du coronavirus. Celle-ci a souhaité le distribuer en Chine mais
devait obtenir préalablement l’approbation de la FDA (l’équivalent de la Food and Drug
Administration aux Etats-Unis). La société a été confrontée au fait qu’environ 183 entreprises
chinoises se sont positionnées sur le marché des tests en Chine. On sait aujourd’hui que la
propagation du virus y a été très fortement stoppée et que l’économie est repartie.

Pendant ce temps, en France, tout le monde a entendu parler des prises de position du fameux
Conseil Scientifique et des multiples évocations de celui-ci par le porte-parole du
gouvernement. Je n’en dirai pas plus. Il n’y a pas à en dire plus. D’autres s’en chargent et s’en
chargeront.

Pendant le même temps, le procédé de tests de la société Novacyt a été adoubé par l’Institut
Pasteur mais début avril… alors que même l’OMS en a ratifié l’utilisation et que de nombreux
pays en ont également autorisé l’utilisation sur leur territoire.

Vendredi 10 avril, vous alliez dans une pharmacie, vous n’aviez ni gants, ni masque, ni gel, ni
tests. Cherchez l’erreur !

Il est possible que la seule façon dont le Gouvernement sache gérer la pandémie en France
c’est le confinement faute d’avoir d’autres moyens.

Mais si c’est le cas, il faut être clair et le dire car les multiples tergiversations et les bruits de fond ne font qu’entretenir un climat anxiogène délétère.

Que dire des mesures simples qui pouvaient être prises et qui étaient, depuis des semaines, en
vigueur dans des pays comme la Corée du Sud, Hong Kong ou Singapour : prise de
température thermique, gel d’office à l’entrée des lieux publics (restaurants, hôtels), nettoyage
des endroits susceptibles de permettre la transmission du virus (rampe d’escalator, barre
d’appui des autobus…), détection des températures dans les aéroports…

Pour ne citer qu’un exemple, à l’inverse, lorsque vous arriviez à Roissy en provenance d’un
autre pays le 15 mars 2020, veille de la date de la décision du confinement prise par le
Gouvernement, c’était « open bar » pour l’arrivée du virus en provenance du monde entier.

Là c’est une faute majeure ! Si le 16 mars, on décide du confinement, le 15 il est inadmissible
de ne pas avoir pris des mesures pour éviter la propagation.

Tout cela c’est l’aspect sanitaire.

Et maintenant concernant l’aspect économique, qu’en est-il ? C’est tout simplement
renversant et les conséquences des ratages multiples vont se faire jour. Pourquoi ?

Pour de multiples raisons.

Il nous est dit : restez chez vous et faites du télétravail quand vous le pouvez ! D’accord, mais
même avec les activités les plus propices au télétravail, on peut constater que tout ne peut pas
se faire de cette façon et ne peut pas être réalisé dans les mêmes conditions de temps et
d’efficacité.

Et que dire de la plus grosse partie du tissu économique constitué de PME et TPE ? Sans
parler de la restauration, de multiples activités sont arrêtées : commerce, ateliers,
construction…

Certes le Gouvernement a pris des mesures : chômage partiel, arrêt maladie pour les parents
ayant la charge d’enfants, report d’échéances pour les entreprises (loyers commerciaux,
échéances sociales et fiscales…)

Mais vue la décision de poursuite du confinement, la situation va être dramatique pour
beaucoup d’acteurs économiques dont la trésorerie disponible dépasse rarement les deux mois,
et notamment pour les PME et TPE. Un report d’échéance n’est qu’un report mais n’est pas
une annulation. Certains parlent de rattrapage. Certes, si vous avez un pneu crevé, la
réparation qui n’est pas faite aujourd’hui le sera après la fin du confinement, mais pour un
fleuriste, un restaurateur, peux-t-on croire réellement à un rattrapage ? Billevesée de
technocrate !

Maintenant, si on prend en compte la situation individuelle des gens, est-il raisonnable de
penser que les personnes qui ont dû faire face à une diminution de leur revenu du fait d’un
chômage partiel vont rattraper le temps perdu en terme de consommation ? Ce serait risible si
ce n’était à pleurer.

Aujourd’hui, nos gouvernants semblent faire face à une tétanisation au regard du covid-19.

Il est important de prendre des mesures qui permettent de relancer les circuits économiques.

Face aux multiples entreprises fermées ou en chômage partiel, pourquoi ne pas prendre des
directives ou des incitations de nature à relancer la machine économique :

  • inciter les entreprises à ramener les salariés sur les lieux de production en organisant des
    transports par bus sécurisés sur le plan sanitaire : désinfection systématique des bus et
    prise de température thermique ?
  • nettoyage systématique des portes des lieux publics ou des rampes d’accès (escalators
    ou autres) et installations de caméras thermiques dans les lieux accueillant du public
    (supermarchés par exemple),
  • distribution massive des tests dans les laboratoires et pharmacies,
  • installation de digicodes tactiles à distance,
  • inciter les entreprises qui le peuvent à investir serait bien mieux que de rallonger les
    délais de prescription fiscale de la durée du confinement (émanation d’un Etat
    centralisateur punitif plutôt que partenaire),
  • levée du risque pour les chefs d’entreprises de voir leur responsabilité pénale mise en
    jeu en raison du risque sanitaire si un salarié contracte le coronavirus, dans la mesure où
    les chefs d’entreprise ont pris des mesures de contrôle raisonnables au sein des
    entreprises.

Profitons de ces impératifs sanitaires pour redonner du travail même moins qualifié. Si
l’économie ne repart pas rapidement, les dégâts ne se limiteront pas à une simple réduction du
PIB comme cela nous est déjà annoncé. Il ne faudrait pas que les mouvements sociaux des
deux dernières années ne soient qu’un hors d’œuvre.

Le Gouvernement donne l’impression d’être soumis à un certain diktat médical. Certes,
l’aspect médical est primordial, mais arrêter un pays virerait à la stupidité.

Je suis certain qu’un grand nombre de personnes pourrait donner des idées pour relancer la
machine. Le grand débat national ne pourrait-il pas s’inscrire dans une nouvelle actualité plus
concrète ?

Cela nécessiterait néanmoins que les technocrates en place fassent amende honorable et
prennent réellement le temps d’écouter.

Que nos gouvernants prennent la mesure des changements actuels qui s’opèrent à grands pas.

Certaines périodes de notre histoire ont montré à quoi pouvaient conduire l’absence de prise
de décision, la prise en compte du « consensus » général ou un « consensus » mou.

Quand aujourd’hui on parle de guerre c’est de la rhétorique communicante. Quand LU Shaye,
ambassadeur de Chine en France, évoque devant la presse française la fable du renard et des
raisins de Jean de La Fontaine, on peut prendre en compte à quel point nous apparaissons
faibles aux yeux du monde.

Réveillez-vous ! Réveillons nous !

En ce qui me concerne, je n’ai pas envie que demain il soit trop tard. Il y a tant à dire et tant à faire !